mercredi 13 mai 2015

Une faim de loup doux comme un agneau (4. Le troupeau)

Elle se lève et me dit :
- Allons ailleurs nous prendrons ma voiture.
Docilement je la suis, arrivé à la porte, un de mes collègue de bureau lève le pousse en signe de victoire. Peut être?  Pris d'un doute, je regarde la salle mais lorsque je suis sur le point de lui dire que je reste, elle se retourne et me souris de façon à illuminer tout son visage et je ne vois plus qu'elle jusqu'à ce qu'on soit arrivé à la voiture.
Le trajet se passe en silence jusqu'à une discothèque à la mode. Une file d'attente immense attend devant le videur, sans s'en préoccuper elle avance droit sur lui, et me refait un sourire alors que je suis quelques pas derrière elle.
Le videur s'écarte et nous laisse passer sans un mot. Le bruit à l'intérieur est assourdissant, il me faut quelques secondes pour m'habituer à la lumière stroboscopique, mais la jeune femme ne s'arrête pas, elle tourne à droite et monte l'escalier qui conduit à la zone VIP. Une habituée. Je continue de la suivre, je ne vois plus que ces jambes interminables gainées d'un collant sans pied que les filles apprécient de nos jours.
A l'étage quelques serveurs circulent entre des tables rondes, nous en croisons au moins deux avant qu'elle choisisse une table près du balcon et s'assoie face à moi, face à l'escalier.
- Le peuple... dit-elle  en regardant la foule au dessous.
Sous la lumière des spots une foule dense se déhanche, se colle, transpire. La musique trop forte empêche toute autres types de communication. Les gens, là en bas, se défoule d'on ne sait quelle frustration. Saoulés de bruits, de danse, d'alcool et parfois même d'autre chose, leurs corps bougent sans même une pensée rationnelle.
- Il y a une certaine cohésion dans ce chaos. dit -elle. Son esprit m'a comme abandonné je voudrais dire quelque chose mais rien ne me viens.
- Tu te sens différent n'est ce pas ?  Elle souris de nouveau mais son sourire est redevenu celui du début de la soirée. Il n'atteint pas ces yeux. Elle se sent supérieure, elle est supérieure alors je lui dit.
- Non. C'est toi.
J'ai été plus brusque que je l'aurais voulu, tout ceci m'échappe et cela m'agace.
- Je suis semblable à eux, et comme eux, je ne me sens pas seule.
Elle se lève, me laissant là chuchote un mot au serveur et descend parmi les danseurs. C'est comme une aura qui l'entoure, le commun des mortels s'écarte sur son passage et danse autour d'elle sans jamais la touchée.
Suite

Aucun commentaire:

Enregistrer un commentaire

Vous avez des trucs à raconter, Des commentaires allez lachez vous.