mercredi 29 avril 2015

Une faim de loup doux comme un agneau. (2. Affamé)


Wouah incroyable c'était un sacré coup. Le chef de bureau est venu me serrer la main, encore quelques milliers et je rejoindrais le mur. C'est un mur tout bête, juste l'énumération des meilleurs traders de la boite. Leurs résultats sont impressionnants. Juste quelques milliers de plus...
Des chiffres, des courbes et encore des chiffres, Ted ou bien peut être Tod a reniflé quelque chose je le vois du coin de l'œil qui s'agite. Il ne me manque que quelque millier pour rejoindre les grands, je continue à acheter, à..... vendre maintenant, je dois vendre.Un cri retenti.  MERDE !!! C'était pas moi c'était Tod ou peut être Ted, trop tard. J'y suis!!! Je les ai eu !!! Sur l'écran central s'affiche mon nom, ma transaction et ce regard de jalousie dans les yeux des autres. De toute façon l'affaire du siècle si ce n'est pas toi qui la fait ce sera quelqu'un d'autre mon cher Tod. Me voilà Alpha. Et dans quelques minutes l'horloge sonnera le départ. Tout le monde me serrera la main, me félicitera, m'enviera....
Ce soir nous fêterons ça dans un bar à la mode. Je choisirais une fille, et surtout pas un instant je ne m'arrêterais pour y réfléchir, juste savourer. Le temps d'une nuit. Et demain, recommencer. Parce qu'on peux toujours plus. Parce que pendant que j'achète ce poulet au curry à emporter, il y a un paysan qui produit du blé, une guerre qui limite les importations de chocolat, de gaz, de pétrole ou de  n'importe quoi. Parce que jamais je ne serais un Tod. Et que si je ne fais pas d'affaire alors c'est quelqu'un d'autre qui les fera. Et je détesterai perdre, ou être pauvre.
  Ce soir, elle sera blonde. Elle est jolie, grande, assise devant un verre, elle n'attend que moi.
- Bonsoir...



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mercredi 22 avril 2015

Une faim de loup doux comme un agneau. (1. Le loup)

Le cliqueti des touches sur les claviers, le brouhaha de voix au téléphone, le pas régulier du contrôleur sur le plancher, saturaient mon esprit. Je rouvris les yeux, et fut un instant éblouis par la lumière des néons. Me tournant vers la vitre,  j'entraperçu la pluie. Un instant, j'aurais pu croire que le soleil brillait à l'extérieur et que dans quelques heures je pourrais rejoindre mon amie dans un parc, profiter du soleil, sauf qu'il pleut et que je n'ai pas de petite amie. Mon travail a commencé depuis seulement deux heures et je suis déjà fatigué. Dans 10h je ressortirais d'ici, je m'arrêterais dans une superette, je prendrai le repas surgelé correspondant à mon humeur; le repas ingurgité, je prendrais une douche, me changerai et je ressortirais. J'irai dans un bar à la mode, sélectionnerai une jeune femme parmis tant d'autre et me ferait un plaisir de la séduire pour une nuit, bien sur il faudra prendre le temps de rencontrer quelques collègues, d'échanger quelques informations sur le travail.
 Je suis habile dans ce que je fais, je vends, j'achète,  je rachète et je revends encore.  Des denrées, des produits complexe ou plus simple,  tout ce qui a de la valeur marchande au yeux du monde et j'empoche au passage une substantielle commission. Je suis TRADER.
 Ma réflexion n'a guère durée plus que quelques secondes, apercevant sur l'un des écrans un signal que le commun des mortels ne comprendrait pas, je reprend mon téléphone et vais gagner quelques milliers d'euros supplémentaires pour cette semaine.

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mercredi 15 avril 2015

Et pourtant. (La transition 5)

  Plus aucune entreprise à l'ancienne ne fonctionnaient, la plupart des petits entrepreneurs avait tout perdus et ne trouvèrent pas le courage de recommencer. Les banquiers étant parti avec la caisse, il n'avait plus non plus d'emprunt à rembourser, mais leurs espoirs basé sur d'ancienne valeur avait été détruits. Il n'était plus question de faire fortune ou de s'élever dans l'échelle sociale. Il ne voyait plus l'intérêt. Nombreux sont ceux qui ne trouvèrent pas le bonheur et l'aigreur commençait à les consumer. Ne dit t-on pas l'argent ne fait pas le bonheur ?
 De leur coté, les industriels, les banquiers, les puissants de l'ancien régime, continuaient à conquérir le monde et bien que la France fut qu'une tête d'épingle à l'échelle de leur succès. Il n'aurait pas fallut qu'elle donne des idées à d'autres. Ils contraient donc toute tentative de rouvrir les frontières bloquant les importations et favorisant le marché noir, après ils étaient mettre des entreprises exportantes. Certains entrepreneur dans l'âme en profitèrent et automatiquement la spéculation pu reprendre. Les monnaies locales n'étant plus équilibrées par les plafonds nationaux, les prix augmentèrent.
L'Europe demandait elle aussi des comptes et voulaient le remboursement des sommes engagés (primes, subvention etc...). A moins que la France ne s'engage dans un certain nombre de réformes :
- régulation des marchés (avec circuit de distribution)
- régulation des monnaies (création d'un nouveau système bancaire)
- élection de représentant au parlement européen,
- application au niveau local des lois européennes (libre échange, normes sanitaires (ogm, graine labéllisé), libres entreprises concurrentielles, libre circulation des hommes et des marchandises etc...)
....

Il n'y avait rien de mal à faire partie de l'Europe, de plus l'embargo mettait la population en position de précarité. Alors le compromis fut accepté, et la constitution modifiée en ce sens.
Aujourd'hui, eh bien ce n'est plus la cinquième république (les anciennes pratiques n'existent plus), c'est la troisième année de la transition (de nouvelles pratiques ont cours).
Et  pour les gens ? et bien pour certain rien  n'a changé, ils vivent en ville, vont au travail, regarde le télé ou vont boire un verre avec leur collègue, puis ils vont se coucher ou bien ils souffrent du chômage, de la pauvreté jusqu'à ce qu'il puissent rejoindre le premier groupe.
 Pour Aurélie, tout a changé, elle est là sur sa terrasse à regarder ces enfants se disputer avec un plaisir infini, demain elle ira travailler quelques heures au champs puis elle prendra le temps de discuter avec Lauri l'épicière, elle s'occupera de ses chevaux, et se préparera pour la tournée dans le canton pour livrer ce qui trouvent l'Europe trop loin.

FAIM

mercredi 8 avril 2015

Le temps de l'utopie (La transition 4)

On les avait nommés néo-ruraux, révolutionnaires, anarchistes, alternatifs, communistes ou même utopistes. Il n'était rien de tout ça, ils avaient toujours existé mais disposant de trop peu de moyen pour fonctionner à plus grande échelle c'était noyé dans le travail quotidien. C'était des associations innovantes en matière d'éducation, de construction, de recherche ...
 Cela avait commencé avec un petit millier de personne à travers la France et après quelques semaines, rare restait ceux qui ne faisait rien, il fallait bien remplir ses journées.
L'art, la musique commença à circuler aussi. Lauri ouvrit une boutique de troc, (monnaie, matériel, temps, tout pouvait s'échanger). Des explorateurs commencèrent à faire circuler les marchandises, neuves, artisanales, ou d'occasions mais aussi les pensées, les gens.
 Des lycéens utilisèrent un ancien lycée pour refaire des serveurs, rétablir un internet et communiquer avec des pirates et autres soutiens du monde entier.
Les élus locaux et autres passionnés de politique commencèrent sous le contrôle de la nouvelle constitution à essayer de reprendre contact avec les autres pays.
Pourtant les rares fois où Aurélie accompagna Laurie à la ville, elle put observer dans les rues, la drogues, la violence, la maladie, la misère...

mercredi 1 avril 2015

Individualiste (La transition 3)

Edouard et Aurélie, ne s'investirent pas vraiment dans cette nouvelle structure, trop préoccupée par leur survie immédiate. Il fallait rénové le hameau et avec des moyens à l'ancienne; ni elle ni sa famille n'avait été préparée à la rigueur d'une vie quasi paysanne. Mais ensemble, avec les ruraux, et les autres migrants ils avaient retrouvés un équilibre. L'une d'entre eux, institutrice, avait même créée une petite école locale prenant en charge l'ensemble des enfants (du nourrisson au lycée). Les intellos et les riches pouvaient se battre pour le pouvoir, la vie des petites gens continuaient.
 Puis l'annonce d'un salaire pour tous apparut. Les locaux annoncèrent que ça ne changerait rien à leur mode de vie,  mais pour certains migrants se fut un appel au retour à la ville.
Aurélie et Edouard ne changèrent rien. La "transition" avait été suffisamment dure pour retourner de là où ils étaient venus. Alors ils respectèrent les règles de leur petite communauté. Tours de rôle pour la station d'épuration, pour les champs, temps collectifs, et initiatives personnelles. Son métier de comptable ne fut pas d'une grande aide mais elle réappris à cuisiner, à tenir les inventaires. Une vieille lui dit un jour, "le métier ne compte pas mais l'esprit  et les bras trouveront toujours utilités"
L'institutrice était parti, le revenu minimum sembla lui suffire. Du coup une autre maman du prendre en charges les enfants, ce n'était pas son métier mais elle aimait les enfants de tous les âges. Elle du alors créer une nouvelle façon d'enseigner.
L'embargo coupa à nouveau le net et beaucoup d'autres ressources qui faisaient parti du quotidien, comme l'essence, les produits transformés, importés ou pétrolier vinrent à manquer.  L'argent rentrait suffisamment mais sans commerces point d'échange. Les loyers n'était plus exigible, et plus personne n'éprouvait le besoin de faire les basses besognes. Plus d'essence, plus de net, plus de manœuvre de chantier, plus d'usine, plus de livraison ou de transport, plus de grande distribution, non plus. Quelques guetos, et pas de police.
 Mais d'autres personnes commencèrent à arriver...